Deux écoutes de très haut niveau, du grand art. Mais deux écoutes aussi très, très différentes.
(Suis arrivé fort tard, ai loupé tout le monde, sauf Bill et Naturel)
zantafio a écrit:Je n’ai jamais entendu les MBL atteindre un tel niveau.
+1MBL 101 MKII (approx. €75.000)
Entre autres:
- sur
enregistreur à bandes Studer A80: la bande
Jazz At The Pawnshop (pour l'enregistrement duquel un Studer A80 avait précisément été utilisé, m'apprend le co-concepteur des Legend): vibraphone et saxo très réels, naturels, claquant sans excès pour le saxo. Applaudissements du public sidérants de vérité, bien en retrait. Le tout est proprement renversant: on ne se pose absolument aucune question, on se croirait dans un club de jazz.
-
streaming:
- concerto pour violon de Sibelius, J. Heifetz, violon, Mercury Living Presence: très grand naturel avec beaucoup de détails, "organiquement" intégrés. Ça sonne très "salle de concert" (j'ai entendu ce concerto dans la superbe salle d'Anvers il y a qques semaines, Augustin Hadelich jouait sur un Guarneri). Spatialisation merveilleuse, et précise à la fois. Très bons timbres sur les instruments (y compris violon). Personnellement, j'adore.
NB: à signaler: une très, très bonne réédition en vinyle de cet enregistrement de légende, produite à partir des bandes master et sans conversion analogique (disent-ils), a été faite par le label Analogue Productions: j'avais amené ce disque à une soirée NM d'écoute des YG; il avait enchanté José. - voix (baryton Dietrich Fischer-Dieskau): chaleureuse, un rien d'embompoint dans le bas-medium. Un rien en retrait, mais c'est subtil; en tout cas, la voix pas poussée sur le devant de la scène.
TAD CE1 TX (€35.000)
2 écoutes: l'une 1ère rangée (càd les chaises, trop près). Musique du démonstrateur (easy listening, pas mon style). Résultat: tout-à fait quelconque point de vue sonore.
Deux heures plus tard: assis dans le canapé (1 rangée derrière), qui s'était libéré. C'est
nettement meilleur, même la musique du démonstrateur est devenue intéressante. Mais le choc vient sur la voix: le baryton Dietrich Fischer-Dieskau (même morceau que plus haut, écouté sur les MBL) est maintenant présent dans la pièce. Articulation et "projection" de la voix d'un très grand réalisme. Peut restituer la voix et toute sa puissance à niveau réaliste sans ciller (attention aux voisins...). Écoute très monitoring, très directe, honnête, rigoureuse, rien (ou presque?) ne semble enjolivé. Personnellement, j'adore ça aussi.
Pas pu entendre le violon de Jasha Heifetz dans Sibelius, pour comparer. Grave apparemment rapide et alerte (mais pas approfondi le sujet non plus).
Bref, je n'ai fait que les entr'apercevoir (elles étaient toutefois rôdées). Mais il me semble avoir entr'aperçu un potentiel proprement dément, pour grands mélomanes (avec de grandes poches), guère obsédés par l'extrême grave.
(On peut toujours jouer plus bas que lors de la démo, mais expriment-elles alors leurs qualités à bas niveau? C'est un point à vérifier)
Bref, deux écoutes de très haut niveau, du grand art (TAD encore à explorer; trop neuves bien que rôdées, trop peu de temps).
Mais deux écoutes aussi très, très différentes. Car tout ou presque oppose ces enceintes, qui ne "risquent pas de se marcher sur les pieds" en termes de concurrence: impossible d'hésiter entre les deux. Et c'est tout l'intérêt de la proposition faite cet après-midi-là, il me semble: omni-directionnelle chez MBL
vs émission frontale pour TAD. Spatialisation luxueuse et timbres magnifiques des instruments sur MBL
vs écoute "moniteur" et voix d'une véracité absolument étonnante sur TAD (articulation, matière, poitrine, puissance sonore: tout semble y être). D'où un rendu "salle de concert" proprement envoûtant tout en restant précis chez MBL
vs une écoute plus directe, qui n'arrondit que peu les angles côté TAD CE1 (les vieux enregistrements crachoteux au son maigre, resteront maigres et crachoteux, sans topping miel&chantilly avec granulés roses par dessus). Une certaine luxuriance du son côté MBL
vs une transparence rigoureuse mais honnête côté TAD. L'auditeur A qui préfère le 1er terme de ces oppositions sait où aller. De même l'auditeur B pour qui prime le 2nd terme de ces oppositions.
Mais quid si, selon les envies, ou les soirs, vous vous sentez certains soirs l'humeur de l'auditeur A, et certains autres, celle de l'auditeur B? Simple: achetez donc les deux! Mais installez
chacune dans sa pièce d'écouté dédiée, sinon, ce ne serait pas
single speaker (hélà, on ne rigole pas avec ça, hein).
Mais honnêtement, j'ai pu investiguer moins loin les TAD CE1 TX que les MBL 101 MKII, et surtout beaucoup moins longtemps: je n'ai pas écouté de violon sur la TAD, donc difficile d'évaluer l'aigu
spécifiquement. Ni de violoncelle, donc impossible de me faire sérieusement une idée du grave
spécifiquement. Ni écouté l'
ensemble bien longuement. Le potentiel de la TAD CE1 TX est donc encore à explorer (quelles combinaisons? etc).
Bref, pour moi, le sujet "TAD CE1 TX" est encore largement à explorer... (la suite au prochain numéro? Une comparaison avec la petite soeur ME1, Micro Evolution One?)
Une après midi enchanteresse. Merci 1000 fois pour l'invitation !!
Le soir même,
deux heures plus tard, dans la salle Henry Le Boeuf du Palais des Beaux-Arts,
je suis pile face au baryton allemand Benjamin Appl (concert annoncé
ici). Au 10ème rang, place superlative. Aucun doute possible: les amateurs de voix pourraient pencher vers la TAD. Et les amateurs de symphonique, d'espace, d'instruments, plutôt vers la MBL (et les amateurs de jazz instrumental? Et bien aucune idée, ça dépendra sans doute de chacun). Sachant qu'aucune des deux enceintes ne déméritera de manière gênante sur les points forts de l'autre.
Les ressources ne tombant pas du ciel pour tous, la bonne nouvelle est qu'il y a quand même une MBL 126 à partir de €12000 ("Référence" dans Haute-Fidélité ce mois-ci), qu'un bon petit ampli intégré à €2600 arrive facilement à faire chanter. Et il existe aussi une TAD ME1 à partir de €15000 (compte-rendu
ici, et conclusions sur son potentiel avec une électronique plus "modeste" que celles mise en oeuvre lors de sa démo de présentation).
(Ah, moi qui me disais: "cette fois-ci, essayons de faire concis"...)