Bonjour Ivanoe, bienvenue et merci pour cette contribution intéressante,
avec laquelle je suis d'accord,
toutefois, j'aimerais apporter une nuance à ce que dit Bryston:
there is an awful lot of marketing going on and not much science in some cases
D'accord.
Bryston does not think cables should be 'voiced' to sound a specific way.
(Bryston ne pense pas que les câbles devraient être « exprimés » pour sonner d’une manière spécifique)
D'accord
si on part de zéro,
MAIS² pas si on part d'un système
existant.
MAIS³: ne doit pas être érigé en "absolu", de façon rigoriste (même si ce qui est dit est "électriquement" correct):
- les câbles peuvent légitimement être utilisés pour "accorder" le système d'un particulier (pas d'un pro), dans certaines circonstances (voir DÉTAILS, plus bas) pour un travail "par compensation", pour amender un déséquilibre survenu au gré des changements, dans un système existant.
- L'idéal selon lequel le système ne devrait pas avoir un son propre (à lui) reste inatteignable. Chaque composant, passif ou actif, a ses caractéristiques électriques propres, qui donnent plus ou moins une "couleur" sonore. Donc la résultante finale en a une aussi. Il faut s'efforcer de la minimiser quand on part de zéro; c'est tout ce qu'on peut espérer.
- Travailler d'abord quand même sur l'acoustique de la pièce (dans la mesure du possible, lequel reste souvent borné par le WAF).
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DÉTAILS
- le "rigoriste" que j'étais, honnissant tout travail par compensation,
aurait été tout-à-fait d'accord avec cette 2nde citation - mais je crois avoir évolué vers un "sain" pragmatisme:
pas que je me serais tourné désormais vers les câbles "ésotériques" et "forcément" chers. Pas du tout. Mais leur "profil" électrique peut avoir une utilité dans certaines situations.
Pour me faire comprendre, je voudrais simplement partir d'un simple
exemple, en reprenant ce qu'il dit, tiré ici des câbles de modulation, ou "interconnects" RCA.
Ils doivent être
les moins capacitifs possibles - j'ajoute pourquoi, comme l'expliquait dans un cadre informel un prof à Polytech:
- ce câble de modulation est une capacité (c'est bien ce que dit Bryston: "An interconnect cable acts like a capacitor in the signal path")
- cette capacité, placée entre les sorties de l'appareil en amont, et les entrées de l'appareil en aval, forme avec elles une topologie de filtre passe-bas. Il m'en a dessiné le schéma.
- donc cette topologie de filtre passe-bas atténue plus ou moins les aigus (par définition). Donc agit un peu comme un filtre, voire un "égaliseur passif" (en caricaturant bien sûr). Et à ce titre, sera d'emblée proscrite par le "rigoriste" anti-compensation que j'étais hier. Erreur funeste. L'EXEMPLE ci-dessous l'illustre je crois:
EXEMPLE
- Jean possède
déjà une paire de
très bons haut-parleurs, qui ont juste pour "caractéristique" de remonter un peu le niveau de l'aigu, comme beaucoup d'autres d'ailleurs (ex: B&W Diamond 805D3,
courbe - je gage que la 805D4 sera sans doute plus linéaire, on va voir). Pas de problème car il vit dans une pièce de 35m², à l'acoustique très amortie, avec du tapis, de lourdes tentures de velours, et son canapé est à 4m des enceintes. Dans un tel contexte, à une distance confortable de 4m, le niveau de l'aigu est suffisamment atténué pour que l'équilibre
lui plaise (idem dans un salle de concert d'ailleurs: les aigus perdent rapidement de l'énergie avec l'éloignement d'avec la scène). Et il profite pleinement de toutes les qualités de ses enceintes.
- puis Jean déménage, se retrouve avec ses 805D3 dans une pièce de 25m², à l'acoustique beaucoup plus claire, avec du parquet et des stores fins aux fenêtres, et où il est assis à seulement 2,3m des enceintes. Il commence à trouver que l'équilibre qui le satisfaisait dans la pièce précédente, est ici un peu clair.
Il a 3 possibilités:
1. ne rien faire, et endurer en silence.
2. il "débarque" ses enceintes HDG à €5000 et se met en recherche de changement. Prudence quand même, car son ampli avait été choisi en fonction des 805D3. Donc d'une part il risque de repartir dans un carousell dont personne ne sait où il s'arrêtera. Mais d'autre part, j'avoue honnêtement que repartir de zéro me paraît pourtant la meilleure solution "dans l'absolu", seulement si son 25m² n'est pas juste transitoire!! Mais c'est aussi, et de loin, la plus chronophage et la plus coûteuse !
Or, il en existe une 3ème; c'est le cœur même de ce post:
3. conseillé par un bon revendeur, il fait un test et essaie de travailler, oui, "par compensation" (parce que ce n'est pas un gros mot), et il voit ce que ça donne avec un câble de modulation de qualité légèrement capacitif (ce n'est pas un oxymore) dans le but -avoué- de faire jouer l'effet "filtre passe bas" et atténuer l'énergie dans l'aigu. Je connais un cas où ça a fonctionné excellemment. Un bon revendeur pourra le conseiller. Comme un grand chef, il pourra "assaisonner", rectifier la "présentation sonore" dans le nouveau contexte de Jean, retoucher empiriquement grâce au câblage l'équilibre de ce système existant. Connectique pas forcément ruineuse, mais différente de celle existante. Sont vaines je crois les ratiocinations idéalistes (qui proscriraient a priori tout travail par compensation en pareil cas). Il faut essayer concrètement, ça peut donner des résultats parfois très réjouissants si, conseillé par un revendeur qui s'y connaît, on va dans la bonne direction.
S'interdire de faire ça est absurde, surtout avec un système existant, quand on est un particulier, dont le contexte a changé, au gré des changements de vie. Se l'interdire revient à se priver de l'expérience d'un revendeur talentueux et expérimenté, qui peut parfois apporter des solutions étonnantes. La place du revendeur est importante. S'en priver, et s'aligner sur une règle "rigoriste" sur le choix des câbles revient à interdire à un grand chef d'assaisonner, de rectifier le plat. Voire de goûter simplement (sinon, l'envie de rectifier pourrait lui venir...). Et faire de la grande cuisine n'est pas une démarche anti-objective, comme un désaveu des lois physico-chimiques sous-jacentes (lois de la thermodynamiques, réactions de Maillard, P.V=nRt, etc). C'en est seulement une prolongation inspirée, et empirique.
Par contre, au moment du
choix initial du système, de sa composition, travailler
dès le début par compensation à l'aide des câbles me semble injustifié (perso, je ne le ferais pas).
On me dira: autant alors utiliser un égaliseur. C'est possible. Si on veut qu'il n'altère pas la qualité intrinsèque du signal, il travaillera impérativement dans le domaine numérique. Et c'est un appareil
de plus, donc à budgéter Alors que des câbles sont
de toute façon nécessaires.
Ma
CONCLUSION, très personnelle:
- toute "vérité" est ici très relative. Ne pas s'enfermer dans des principes rigides ("jamais de compensation, nulle part, en aucune circonstance").
- une fois de plus, la présentation sonore attendue d'un système "consumer" (de particulier), même ambitieux, et celle d'un système "pro", n'est pas du tout la même: le particulier peut être assis tantôt beaucoup plus loin, tantôt beaucoup plus près (ou l'inverse, au gré des circonstances de vie) de ses enceintes qu'au départ, et dans des acoustiques très différentes. Le pro est plus ou moins invariablement à la même distance de ses moniteurs de contrôle, dans un environnement dédié, donc à l'acoustique mieux maîtrisée. Sans compter que les attentes sont rarement les mêmes (présentation
salle de concert pour le particulier vs présentation
scène pour le pro). Donc:
- autant pour un pro, qui vise la neutralité inconditionnelle, travailler par compensation grâce aux câbles est une ineptie, autant chez un particulier ça peut se justifier dans une certaine mesure pour ajuster un système existant (à son nouveau contexte p.ex). Ne pas abuser toutefois; rester conscient des limites de l'approche; partir de bons éléments reste nécessaire: la compensation ne peut que rééquilibrer la qualité pré-existante (et un tweeter Diamond d'une B&W est un très bon tweeter). La compensation ne
crée bien sûr pas de la qualité à partir d'une médiocrité pré-existante, pardon pour ce truisme.
- au moment du
choix initial du système, éviter la compensation par les câbles en effet (mon avis perso). Et se ranger aux évidences citées paraît sage.
- est absolument central
le rôle de conseiller d'un revendeur avec qui la confiance s'est construite. Il connaît le "profil" du système qu'il a aidé à construire, et le "profil" des câbles qu'il vend, et leur capacité parfois à "ré-accorder" le "gros instrument" qu'est le système.