La question peut sembler saugrenue ou hors de propos, mais peut-être est-elle plus pertinente qu’elle n’y paraît.
Pouvons-nous faire confiance à nos disques ? Sommes-nous sûr de l'authenticité de ce que nous entendons.
Notre démarche audiophile en quête de justesse, de neutralité, d’exactitude n’est-elle pas mise à mal, voir un peu vaine, face au monde de l’enregistrement, de la prise de son et de la production. N’est-il pas un illusoire de penser que nos enregistrements sont « vrais » ? Ne faut-il pas considérer que tel le peintre qui une fois sortie du tube mélange les teintes et les tons pour réaliser une création qui lui est propre, le musicien, ses arrangeurs, son producteur se font à leur tour alchimistes et magiciens pour tirer des technologies nouvelles une œuvre qui est loin du son originel de l’instrument. Certe, ma réflexion est sans doute plus dirigée vers la musique « moderne » ou de variété que vers le classique. Mais sommes-nous certains que le tapis de cordes que nous entendons n’est pas issu du « plugin machin » de la marque untel. Que la batterie en est bien une. A ce jour, la musique est tellement informatisée, fait appel à tellement de technologies neuves.
Ne sommes-nous pas face à deux mondes qui travaillent l’un pour l’autre sans réel contact entre ces deux industries. Combien de studios d’enregistrements sont-ils équipés de matériel de restitution de haute-fidélité ? Un artiste ou un producteur ne serait-il pas surpris d’écouter leurs œuvres sur un système haut de gamme qui leur ferait, peut-être, découvrir leur travail comme ils ne l’imaginait pas. Finalement nous restituons avec des machines forts « simples », utilisant des schémas le plus direct possible avec le moins de connexions et d’intervenants possible une musique qui a été passée, repassée, milles fois transformée, enjolivée, compressée, « multi-effectée », enfin nettoyée et compactée. Ne vois-t-on pas aujourd’hui que tel disque a été enregistré à Bruxelles et Londres, mixé à Los Angeles, et masterisé à Paris. Peut-être, finalement que le mastering, ultime étape un peu nébuleuse de la finalisation d’un album est la note humaine qui fait ressortir l’authenticité d’une composition.
Je me fais un peu l’avocat du diable, mais l’industrie du disque, bien souvent se dirige vers la clientèle de la radiodiffusion, de la télévision, de l’automobile, du mp3 et pourtant nos beaux systèmes font surgir une émotion qui nous submerge parfois tant la beauté de certains enregistrements est évidente. S’agit-il de la petite portion du répertoire des artistes qui pensent et travaillent leurs œuvres avec un esprit différent de celui de la simple production de masse.
Autant de questions et de réflexions qui posent débat.