Je ne voulais choquer personne, et ce n'est pas par sexisme que j'ai écrit ça, bien au contraire.
En fait, les tenues d'un goût douteux de Yuja Wang ne me choquent même pas. ça m'attriste. Je suis dépité de voir que toute la machine commerciale, l'équipe, qu'il y a aussi derrière son talent (ne soyons pas naïfs) pousse la provoc en jouant des apparences, du show, bref du visuel. Alors que la musique est un art de l'invisible.
Donc, remarque identique pour le percusionniste-showman (oublié son nom, sorry) qui lance ses baguettes fluorescentes comme dans un numéro de jonglerie, en salle de concert. Grotesque, m'ont dit des musiciens de l'orchestre, consternés.
Idem pour tout le show de Lang Lang, qui a même des baskets griffées à son nom. Lang Lang Inc., en somme?
Et donc, oui, idem aussi pour le baryton qui arriverait en juste-au-corps à poutre apparente et moulant ses tablettes de chocolat (et le reste) alors qu'il est là pour chanter les lieder et qu'aucun rôle à l'opéra n'exige cet accoutrement.
Tout ces genres de show dans un art qui a l'invisible pour terreau ne sont que de la com', du marketing, de la marchandisation de l'art. Parfois, un artiste talentueux en est complice, à son insu ou pas d'ailleurs.
Si j'étais sûr que tout le show-off vestimentaire (voire acrobatique) de Yuja Wang puisse "sauver" la musique classique, pour moi elle peut venir en string et bas résilles. Si, je te jure. Mais ça ne sert à rien si l'éducation à la musique ne suit pas, voire se délite complètement (je n'ai reçu aucune éducation à la musique).
Ce qui me hérisse, c'est tout ce que ce show (tous showmen/women confondu.e.s) a le plus souvent de complètement insincère.
Et bien sûr, personne n'oublie le travail et le talent qu'il y a derrière. Je l'ai vu, à Kalsruhe à l'époque, avec Elena (Gurevich) en train de suer 8h/j sur son piano (part-time au casque d'ailleurs, elle avait un piano qui pouvait passer en mode silence, càd électronique, et s'écoutait au casque, pour les voisins). C'est très impressionnant et force le respect.
Ce qui m'attriste est de voir que la vraie beauté, enfantée par ce talent et ce travail, est recouverte, ensevelie par des couches de strass, trasnformant presque le concert en sleazy entertainement. Le regard détourne l'âme de ce qu'il lui faudrait vraiment regarder.
C'est vrai que le cerveau est visuel, faut pas le nier. Mais, un peu comme la radiophonie représente un net progrès p/r à la télévision, parce qu'en radio, ils sont enfin arrivés à supprimer l'image, et bien je préfère que l'artiste réserve sa "provoc" (bien calculée) pour ses sorties en boîtes de nuit. Juste une question de ne pas se tromper de registre et de partie. C'est pas une posture de pisse-froid janséniste (pas ma crèmerie), simplement une attention aux choses qui sont derrière les choses. Et la musique se suffit à elle-même finalement. Le strass détourne l'attention de l'essentiel.