Retour presque obligé pour cette enceinte sortie il y a 2 ou 3 ans. Mais que vaut donc aujourd'hui une paire de HP à moins de 700 €? j'en étais resté sur mes opinions d'il y a 30 ans, où les enceintes d'entrées de gamme délivraient souvent un son de boîte à chaussures. Les temps ont bien changé...
Au déballage, rien d'affolant, la finition est correcte, quoiqu'un peu datée, mais à ce prix, difficile de faire la fine bouche. La plupart des écoutes se déroulera en zik classik, désolé (mais je ne m'interdirai pas de quitter le droit chemin, sous réserves de flagellation corporelle ). Auditorium de +/- 180 M3, à priori pas l'idéal pour ces bibliothèques. Premières écoutes sur un Rega Brio avec un DAC Teac UD 505 (véritable couteau suisse), ça chante déjà très bien, voilà une enceinte diablement bien timbrée, dénuée de toute agressivité. Tout s'enchaîne comme dans un mange-disques qui me rappelle furieusement mes B&W 801 S3 placées à moins de 2 mètres, toujours en service.
On distingue une très belle image en largeur, la profondeur sonore étant toutefois limitée, il ne s'agit toujours que d'une paire de HP à moins de 700,00 € pour rappel. Les instruments anciens développent de très beaux timbres, sans aucune acidité ce qui est loin d'être gagné avec des enceintes low cost. Les baroqueux y trouveront leur compte. Les fichiers Qobuz 16/44 s'enchaînent avec des quatuors, motets, les voix présentent un très bel équilibre et une transparence certaine, tout est à sa place, le piano et le violon présentent du corps et de la matière, avec un grave étonnant de propreté et d'ampleur. Manifestement, cette enceinte est bien née, mais ça, tout le monde le savait déjà, rien de nouveau à l'horizon.
Ce qui l'est moins, c'est le coffre incroyable dont est capable cette bombinette. Sur les grandes masses orchestrales, à volume de concert, les premières écoutes révèlent toutefois dans les forte une certaine crispation, le message devient raide. Alors, le Rega est-il en cause ou les enceintes? je décide de passer à la vitesse supérieure avec le Gato Audio DIA-400, du lourd pour alimenter mes 801, avec un grave d'une incroyable précision (et même si la classe D manque d'un certain raffinement dans l'aigu, ce type d'amplification constitue pour moi la voie royale pour un budget encore abordable). Compte tenu qu'il s'agit d'un autre système, je passe ici sur un lecteur Bluesound avec le Cambridge audio Dac Magic Plus (dont le rapport Q/P est tout simplement exceptionnel).
Nouveaux tests avec le redoutable enregistrement des Winterreise de Schubert revisité par le compositeur Hans Zender, le ténor Julien Prégardien développe une ampleur insoupçonnée en regard de la taille de l'enceinte. Le positionnement des instruments dans l'espace laisse pantois, le coffre et le timbre des cuivres sont d'une précision peu commune dans ce type de budget. Ça pousse très très fort et ça sonne très juste, une vraie baby 801. Sur le Magnificat d'Arnesen (enregistrement 2L), les choeurs et l'orgue se déploient avec une aisance déconcertante, tout simplement insolente au vu du prix demandé. Je compléterai ce test avec d'autres types de musique au fur et à mesure.
Alors, ces Dynaudio, exemptes de tout reproche? non, sûrement pas. En fait, il y a un terrible sentiment de frustration, à savoir qu'on aimerait un aigu bcp plus fouillé, les harmoniques des instruments s'éteignent assez vite dans l'espace, on dénote un manque de richesse dans les timbres. Une paire de Kef LS 50 fait nettement mieux dans ce domaine, mais en contrepartie moins homogène. Autre point, ces enceintes ne développeront tout leur incroyable potentiel qu'avec une amplification délivrant bcp de courant, le Rega Brio atteint ici vite ses limites. Mais sous réserve de ce qui suit, cette paire de HP remet en cause pas mal de préjugés en matière de matériel HG. Collez lui des bons pieds, un ampli à la hauteur, et vous constaterez qu'il est aujourd'hui tout-à-fait possible de se faire plaisir pour une poignée de brouzoufs. Et les grandes pièces ne lui font pas peur, bien au contraire...