FOLLOW-UP - Wilson Audio Alexx V & Nagra Reference Anniversary turntable - démo historiqueBon, le prix, certes...mais quand même:
j'ai trouvé que cette machine transcendait le vinyle d'une façon qui m'était proprement inouïe: silence abyssal du système, bruit de surface imperceptible, réalisme sonore renversant.
Les cloches, dans l'une des 4 œuvres de
ce disque, direction Stokowski: comme frappées devant les auditeurs!!
En y revenant (pour la 3ème fois?), je pousse la porte, j'avais à peine fait un pas, j'avais encore la poignée de porte en main, recevant le son direct à l'oreille gauche, et le son réfléchi, à l'oreille droite par réflexion sur la porte encore entrouverte, la première seconde, je me dis à l'instant: "Wopputaigne!...on est dans une
salle de concert *, ici...". Mais non, en guise d'orchestre, une soucoupe volante et deux monolithes noirs.
*plutôt une salle contemporaine, conçue avec les moyens modernes de modélisation et de mesure en acoustique, qu'une salle "historique" (ex: plutôt comme le Namur Concert Hall (inauguré 2021), la Koningin Elisabethzaal Antwerpen (2017), ou encore Philharmonie de Paris (2015, pas encore été), qu'une salle d'époque, à la sonorité plus ronde, plus chaude et un peu systématiquement "confortable" telle que p.ex la salle Henry Le Boeuf du BOZAR, La Monnaie)
REM: les grosses Wilson peuvent aussi jouer de façon "intimiste", dépendant du setup. Je me souviens (il y a 12 ans?) d'une démo mémorable des Wilson Alexandria 2 faite chez New Music par l'Américain Peter Mc Graath, une légende vivante du high-end aux US, qui réalise ses propres enregistrements (remarquables paraît-il), et qui avait été recruté par Wilson. Un setup parfait dans la salle du fond: électroniques Ayre, placées sur le côté, enceintes beaucoup plus resserrées qu'au salon bien sûr. Sur mes disques, que Mc Graath avait accepté de passer: image et scène parfaites, passant d'une scène sonore intime (Beethoven, sonates pour violoncelle & piano) à une scène sonore plus large, mais conservant la proximité touchante requise par l’œuvre (Strauss, Vier Letzte Lieder). Démo inoubliable, je m'en souviens comme si c'était hier. Donc, oui, ces "monstres" peuvent se faire petits et délivrer une écoute (presque) cozy, complètement à l'opposé du "grand spectacle" délivré sur les salons.
Mais je crois que Nagra n'avait pas d'autre choix (sensé, point de vue marketing) que de placer ses électroniques au milieu,
pour qu'on les voie. Or comme leurs électroniques était une réjouissante pléthore, il en résultait un
écartement des enceintes qui a
peut-être pu (?) appliquer un léger élargissement de la scène et/ou des sources sonores virtuelles (comme si on appliquait à la scène sonore une légère homothétie):
Cela dit, certains enregistrements (parfois vinyles d'ailleurs, et entre autre chez Living Stereo) accentuent parfois un rien l'ampleur aussi, il me semble. Donc cet aspect "bigger than life", rapporté par Zantafio, ne m'a personnellement pas vraiment gêné
comme propre au système: d'une part les enregistrements peuvent être en partie responsables, d'autre part, de très imposantes Alexandria ou Alexx Vs peuvent jouer du quatuor à cordes sans exagération de taille, je l'ai vécu sur les Alexandria. Et elles peuvent aussi fonctionner comme d'immenses "lentilles convergentes" et réaliser une sorte d'illusion de point-source, si le setup est parfait (Wilson a une procédure stricte pour ça je crois). Et le setup des Alexandria il y a 12 ans par Peter Mc Graath, était évidemment impeccable. Naturellement, l'illusion n'est parfaite, l'hologramme sonore n'est réellement tridimensionnel
que pour un seul siège dans ce cas (la stéréo, de toute façon, c'est monoplace).
Je note que je n'ai pas tout-à-fait eu cette illusion dans le sweet-spot cette fois-ci, et c'est selon moi sans aucun doute dû à la démesure du "show" qu'un tel système se doit de faire par ailleurs. Je n'ai pas le moindre doute qu'un setup
chez un particulier réalisera l'hologramme sonore pour lequel Wilson est bien connu.
À part ça, comme déjà dit, rendu monitoring à tomber part terre, belle richesse de timbres, qui ne sont pas simplifiés à outrance comme souvent en reproduction sonore (par rapport au live), réalisme sonore sidérant (avec le rendu d'une excellente salle de concert contemporaine).
Bref, quand on sait qu'on écoute du vinyle, c'est juste renversant.
Attention -pour ceux qui n'ont pas pu venir-, le rendu n'est en aucune façon systématiquement
analytique au sens hifi, càd pouvant être perçu
par tous comme articulé, mais
par certains également un peu "froid" (même si ça peut sonner
parfois très "monitoring"). Le système s'efface en fait remarquablement pour laisser passer l'enregistrement (perso, j'aime beaucoup). Qu'il s'agisse d'un enregistrement de David Wilson lui-même (
repressage à partir des bandes master), assez clair, transparent et révélateur (Beethoven, sonates pour violon et piano), ou d'un jazz contrebasse-piano plus chaud avec présence mais rondeur: le système bascule d'un univers sonore à l'autre le temps de changer de disque (précautionneusement). Le 2nd disque était d'ailleurs le premier vinyle qui trahissait sa nature de disque noir: en très bon état et lavé à la machine à aspiration, j'entendais néanmoins un infime résidu de poussière sans doute logé dans les profondeurs de sillons (il faudrait le nettoyer aux ultra-sons...). Tous les autres vinyles passés: quasiment le silence du numérique.
Corps, matière, dynamique impressionnante, rapidité, transparence renversante, très haut niveau de vérité sonore: une pâte sonore qui, imprévisible comme la mer, peut au gré des disque se lever tout à coup, et donner le sentiment de vivre presque dangereusement. Pas le systématique ron-ron feutré jazzouillant, avec balais frottant la batterie (tchik-a-tchik-a-tchik...- et, dans le coin du fond, on ne peut s'empêcher d'imaginer un octogénaire assoupi derrière son double scotch, vers 22h30)
Ah oui, et mention spéciale pour la platine
sur du piano: pas évident à passer en vinyle, il sonne ici très "vrai", avec une très belle franchise des attaques.
(Peter Mc Graath dit même "on piano, vinyl sucks..."; c'est remarquablement pas trop le cas ici)
Et pour l'image, je l'ai dit, il est très certainement possible d'obtenir une image à la construction plus dense, plus ramassée, plus intime aussi, selon la disposition, le setup. Ces grosses enceintes sont un peu comme de la pâte à modeler, on les fait sonner un peu comme on veut (moyennant de gros efforts, j'imagine bien).
Ma préférence -toute personnelle- va à ce système Wilson-Nagra, plutôt qu'au système de la salle voisine Wilson-d'Agostino. Mais je suis persuadé qu'il serait possible d’intervertir les enceintes seules (en laissant les électroniques dans leur pièce respective) et conserver bien des traits caractéristiques de ces salles/écoutes: plus monitoring et vivant d'un côté; plus mat, chaud et rond de l'autre. Mais c'est bien sûr une expérience plus facile à faire en pensée qu'avec son dos, donc disons que ce n'est qu'une croyance personnelle, néanmoins basée sur qques constats antérieurs.
Merci pour l'effort (entre autre physique) que requiert la conception et l'assemblage d'un tel système, c'était à mes oreilles du moins, vraiment remarquable.
Orfeo
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D'autres disques étaient un enchantement, mais Witches Brew, même très démonstratif, était à mon humble avis un des moins bons...
Superbe:
Comme déjà dit, moment de grâce absolue avec cet enregistrement que j'avais apporté, réalisé en analogique par David Wilson à la fin des années 70/début '80 (?). Pressage en pure analogique par Analogue Production.
Auditeurs en extase.
Un setup XXL
(sans doute pas vraiment d'autre choix sur un salon, pour un tel système, qui doit "arroser" jusqu'à 50 auditeurs)
S'il est utilisé, peut-être faut-il à partir d'ici basculer le stupidophone en mode paysage...
Le perfectionnisme entêté peut parfois avoir quelque chose de franchement réjouissant, je trouve (quel que soit le résultat sur l'addition):
DÉTAILS DU SYSTÈME- Nagra HD PREAMP
- A pair of Nagra HD AMP’s
- Nagra Classic PHONO and Classic PSU
- Nagra HD DAC X
- Nagra IV-S tape machine plus exclusive concert recordings
- Nagra CDP CD player
- Nagra VII digital recorder/playback machine plus exclusive concert recordings
- Wilson Alexx V loudspeakers
- câbles Shunyata