de grisou le Dim 14 Sep 2014 22:16
Une écoute attentive indique d’emblée que le groupe semble jouer en moteur plus ou moins automatique : guitare et section rythmique sont loin d’exceller, sinon dans une sorte d’autoroute plutôt roborative, un pilotage automatique, même dans des morceaux comme Sleep Like A Baby Tonight, sorte de berceuse forcément ralentie dans laquelle U2 tente de trouver de l’espace entre les notes, de se lasser aller à un peu de lenteur. Malgré l’intention, qui se ressent d’emblée, quelque chose ne fonctionne pas. Et c’en est ainsi pour l’ensemble du disque, qui ressemble davantage à une caricature de U2, plutôt qu’à un bon album de ce groupe. Le chant de Bono y est presque malaisant tant il se conforte dans des gimmicks et les clichés qui l’ont construit : envolées lyriques, pathos explicite, déficit de subtilité et surtout absence de réinvention de soi...
Surtout, les paroles dévoilent un manque patent d’inspiration : rien ne décolle vraiment, et l’ambition littéraire avoisine celle d’une dissertation de collège, ou à peu près. Jusque dans le titre du disque, emprunté à William Blake, comme le ferait un étudiant en mal d’inspiration. Le tout est pointé dès l’ouverture de l’album, avec le morceau The Miracle (Of Joey Ramone) : hommage à l’un des membres défunts du groupe The Ramones, le morceau échoue en s’inscrivant dans l’exact contraire de ce qu’étaient les chansons des Ramones – des brûlots punk rapides et dynamiques construits sur trois accords. Ici, c’est plutôt quelque chose de boursouflé qui se met en place : choeurs lourdaux, guitares grossières, chant ampoulé, mélodie éculée. On pourrait poursuivre le massacre avec California, morceau qui fait référence aux Beach Boys, de la façon la moins subtile possible et qui pourrait tout autant parler de la Yougoslavie ou du Japon...
Ne confondez pas ma personnalité et mon attitude. Ma personnalité est qui je suis, et mon attitude dépend de qui vous êtes.