Je connais les MBL depuis une écoute mémorable, à l'IFA de Berlin (l'ancêtre du salon de Munich) en 2001, des
MBL Radialstrahler.
En un mot, elles sont absolument formidables, mais suffisamment
différentes (comme Naturel le disait très justement) de l'offre standardisée du marché de la hi-fi pour désorienter l'amateur.
Je ne sais pas si j'aurai le courage de me refarcir le post de compét' que je mitonnais (car, pour répondre à Zantafio, j'ai BEAUCOUP aimé les MBL), mais j'ai tout de même envie, du moins dans un 1er temps, d'essayer de
dissiper ce qui me semble être un (des) malentendu(s). Si j'ai bien compris, il m'a semblé lire ici qu'on s'est plaint du fait que (je mentionne pêle-mêle, et de mémoire):
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Ça distorsionne.
Ce sont des omnis (omnidirectionnels). Ça gicle l'énergie sur 360°. Donc pour atteindre un niveau sonore élevé au point d'écoute, il faut donner plus de puissance comparativement à une enceinte traditionnelle (besoin accentué par le caractère absorbant de la pièce du fond, j'y reviens). Donc on atteint plus vite la distorsion. Les omnis - en tout cas les omnis à "lamelles" - ne sont peut-être pas un concept fait pour les niveaux sonores très élevés. C'est possible. Par contre quel naturel ! Quelle immersion dans la musique ! J'essaierai d'y revenir plus tard.
De plus, le démonstrateur a cherché à plus d'une reprise à jouer trop fort, me semble-t-il.
Enfin, le caractère absorbant de la pièce du fond défavorise
peut-être les omnis (à investiguer):
1. Techniquement: absorption => moins de niveau => nécessité de monter la puissance => la distorsion arrive plus vite.
2. "Esthétique sonore": peut-être qu'une pièce plus diffusante serait plus heureuse? Il me semble que les extraordinaires panneaux acoustiques suédois
diffusants SMT auraient été tout indiqués pour harmoniser l'écoute (et récupérer de l'énergie, donc du
niveau, by the way...). Plusieurs modèles. Je possède une paire de
S-wing, diffusants, en acrylique transparent - simplement exceptionnels: flutter echo cassé, meilleurs timbres, plus de matière et meilleure image, avec une seule paire de panneaux. J'ai le sentiment que des S-wing auraient été tout indiqués, à mon humble avis, avec des MBL. Il y aussi des
V-wing, pour une autre application. En tout cas, une
pièce de légende en Suède avec MBL + panneaux SMT fait beaucoup parler d'elle, et pas que sur forums: au salon NM, j'ai entendu le constructeur des amplis Charlin parler de cette pièce, qui est déjà un mythe semble-t-il.
Et c'est sur ce principe consistant à
diffuser au maximum et limiter l'absorption au strict minimum que la Philharmonie de Paris a été conçue par le bureau
Khale Acoustics (pdf disponible sur leur site). J'ajoute et conclus sur ce point que la plus-value apportée par mes S-wing, guère donnés pourtant, est bien meileure que ce que j'aurais pu attendre d'une quelconque séance onanismique de "câblo-sturbation" haut-de-gamme à €300/mètre. Les câbles sont importants, je ne dis pas le contraire, mais il y a des priorités. Et essayez par ailleurs de casser un
flutter echo (aspect purement acoustique) à l'aide de câbles HDG à €20.000 le set de 2x3m (aspect purement électrique)...
Je trouve qu'il serait d'ailleurs dans l'intérêt des magasins (et des mélomanes-clients, finalement) d'essayer D'ABORD de traiter les problèmes les plus criants (les plus criards?) dans la pièce d'écoute de leurs clients à l'aide de ce type de panneau (en plus transparents et très esthétiques, ce que la photo ne laisse pas transparaître - excellent WAF, enfin...) afin de créer un contexte acoustique favorable dans un 1er temps. Pour ENSUITE arriver avec des câbles de très haute qualité, souvent très chers, chez la personne,
dont la pièce est alors enfin prête à révéler tout le potentiel desdits câbles très chers. C'est plus logique. Au final, plus rentable pour le magasin. Et plus satisfaisant pour le client (moins pour son épouse qui souhaitait une nouvelle cuisine, mais c'est un autre problème). De plus, par une telle démarche, il me semble qu'un magasin se crédibiliserait. Tant d'autres se sont décrédibilisés par la vente d'accessoires, importants parfois, mais hors de prix et dont les qualités incontestables par ailleurs ne pouvaient s'exprimer faute de contexte (souvent acoustique) adapté.
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Instabilité de l'image stéréo (l'interprète centré "bascule" plus sensiblement que d'habitude sur l'enceinte vers laquelle on se penche).
Si vous avez coutume de vous balancer fortement de droite à gauche au rythme de la musique, j'admets que c'est embêtant. Mais si vous écoutez de façon disons plus..."classique", en principe ce "basculement" devrait déjà beaucoup moins se manifester...
Si même c'est plus sensible sur ces enceintes et sur quelques panneaux (Apogee, etc), y a-t-il matière à s'en plaindre lorsqu'on écoute
vraiment, càd dans le sweet spot? Si on est ailleurs, en train de vaquer distraitement à diverses tâches pratiques, on s'en fout, non? Tandis qu'alors la musique circule vraiment dans toute la pièce. Vous me direz: mais lorsqu'on écoute vraiment (= on ne fait que ça), et
à deux, l'autre est défavorisé(e) car en-dehors du sweet-spot...D'accord, mais alors on est sympa et on permute de temps à autre.
Mais de toute façon ces discussions byzantines occultent un fait: qu'on le veuille ou non, la stéréophonie, c'est MONO-place. Point. Vous me direz: oui, mais moi, avec mes colonnes, je peux les "pincer" très fort afin que leurs axes se croisent
devant l'auditeur (= on les fait "loucher"), ainsi l'interprète centré le reste (un peu mieux) pour l'auditeur décentré. Donc l'image (LE truc de l'audiophile) est préservée. Voui, mais ça bousille de toute façon la phase (l'auditeur décentré ne recevant plus les signaux lui venant en phase des 2 canaux),
donc les timbres (LE truc du mélomane). Parlez-en à Jose, vous verrez ce qu'il vous dira: la stéréo, c'est par définition mono-place.
Donc je persiste à croire que le jeu de balancement de gauche à droite auquel se livre l'audiophile pour mettre en difficulté une paire d'enceintes est artificiel et ne correspond en rien aux conditions réelles d'écoute. C'est même un jeu pervers (auquel je me livre moi-même, je confesse) consistant à trouver des imperfections à des produits, lesquelles ne se manifestent que
hors de leur champ d'utilisation raisonnable...
Bref, le fait qu'une enceinte n'offre pas une stabilité inconditionnelle ne me paraît pas très important.
Beaucoup plus important me paraît l'ouverture et la circulation de la musique dans la pièce. Et ça, des omnis font ça comme nulle autre.
Je suis possesseur de panneaux (dipôles) à ruban. Ça a évidemment un air de famille avec des omnis à lamelles. Un peu relax, un fifrelin
laid-back. Convient donc très bien si on est près des HP, là où un rendu trop direct serait perçu comme fatiguant.
La présence inouïe de la musique dans
toute la pièce est un ravissement de chaque jour. J'avais ressorti récemment mes vieilles et honorables Equation 2 (enceintes conventionnelles à émission frontale). À table, càd chez moi à 90° de l'axe, je n'entendais "rien". Au point que je devais tendre l'oreille pour comprendre le speaker de la radio, alors que les Equation ont un medium très clair dans l'axe. Vendues illico.
Par contraste, quelle respiration avec mes dipôles. Ça dépend aussi d ela configuration de l'habitat de chacun. Si living, salle à manger et bureau s'enfilent de façon rectiligne chez vous, tout est dans l'axe! Mais c'est loin d'être le cas chez moi, d'où mon besoin de "diffusion" de la musique et d'un sentiment de "remplissement" de la pièce que la musique habite en qque sorte. Et dès que je m'assieds dans le sweet spot, l'image est
first class.
Donc les 2 points ci-dessus m'inclinent à penser que
mettre en oeuvre ces omnis comme une enceinte conventionnelle est une erreur.
Et les
juger comme une enceinte conventionnelle est voir leur bouquet isotrope de qualités par le tout petit bout de la lorgnette.
Il aurait peut-être fallu, idéalement, une vaste pièce où l'on aurait invité les auditeurs à écouter latéralement, et derrière les HP. Oui, si on a une partie living et une partie salle à manger (sàm) communicantes, la sàm peut se situer derrière les HP omnis et la musique garde, même à bas volume, une présence envoûtante. Un ami avait ainsi une telle disposition, et avait interposé entre les 2 espaces ses
Castle Harlech, qui ont la rare particularité d'avoir un médium frontal et un vertical, donc omni. Très agréable à table (
derrière les enceintes). Si l'aspect omni avait été absent, une fois atablés, les HP nous auraient tourné de dos (acoustiquement très désagrable).
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Les médiums sont latéraux - pas tout-à-fait exact je crois
Si j'ai bien compris: les 2 conques oblongues = médium + aigu ==> omnis
En dessous: les 1ers HP latéraux prennent le relais à partir de 500Hz et en-dessous. Donc à partir du bas-medium/haut-grave, si on considère qu'un HP de medium, lui, couvre "souvent entre 500 Hz et 5 kHz" (
Wikipedia).
Donc il me semble que c'est injuste de leur reprocher les points évoqués (même si le
3ème point n'était pas vraiment un reproche).
J'essaierai de trouver le tps de parler des qualités, très grandes pour moi. Stereophile ne s'y trompe pas, qui classe MBL en catégrie A+, parmi les meilleures enceintes au monde, et ce depuis des années.
Suite au prochain (lointain?) épisode...
Orfeo.